Visa pour l’image à Perpignan : comment va le monde !

Ian Berry, le photographe britannique qui sillonne la planète pour montrer l'eau (c) Ian Berry. Reproduction interdite
Inde, Calcutta. Scène courante où les résidents des quartiers périphériques sans approvisionnement en eau se lavent dans la rue. India, Kolkata. People are often seen washing in the street as there is no running water in homes just a short distance from the city center. © Ian Berry / Magnum Photos Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 35e édition du Festival International du Photojournalisme "Visa pour l'Image - Perpignan" 2023 au format 1/4 de page maximum. Résolution maximale pour publication multimédia : 72 dpi Mention du copyright obligatoire. Cette image ne pourra plus être utilisée en libre de droit après le 31 décembre 2023. The photos provided here are copyright but may be used royalty-free for press presentation and promotion of the 35th International Festival of Photojournalism Visa pour l'Image - Perpignan 2023. Maximum size printed: quarter page Maximum resolution for online publication: 72 dpi Copyright and photo credits (listed with captions) must be printed. This photo can no longer be used royalty-free after December 31, 2023.

Visa de Perpignan donne chaque année la température du monde tel qu’il va mal. Et la livraison des photos de 2023 est bien pire que les années précédentes. 

Les habitués  de Visa pour l’Image le savent bien. Le couvent des Minimes, ce n’est pas Disneyland et encore moins Port Aventura. Ici, dans une douzaine de sites  disséminés dans le centre historique de Perpignan, les bonnes nouvelles ne tombent pas des arbres. La visite des expositions, 24 cette année,  correspond à une plongée au plus profond et parfois même au plus sombre de l’âme humaine, même si le plus souvent ces scènes de guerre et d’épouvante sont merveilleusement mises en lumière par les photoreporters qui trompent la mort, usent leurs vies,  pour rapporter les images authentiques  et les témoignages depuis les angles morts de la planète.  Au couvent des Minimes justement, voici donc l’histoire, mieux encore la chronologie illustrée des révoltes des femmes en Iran. Tragique, sanglante, ahurissante même à partir de septembre 2022. Ici dans la chaleur moite de la salle d’exposition du premier étage, les photos, majoritairement,  ne sont pas signées, images anonymes parfois extraites des réseaux sociaux par l’Agence France Presse.

Documenter la terreur au quotidien

Il s’agit de  documenter la terreur au quotidien,  les manifestations spontanée en plein cœur de certaines  villes, aux abords des cimetières lorsqu’il convient de mettre en terre, les martyrs de la révolte dite du voile. Parfois même des enfants.

La chronologie de la révolte des femmes en Iran.
La chronologie bouleversante de la révolte des femmes en Iran.

Dans cette salle, on avance pas à pas dans cette tragédie collective, pratiquement dans le silence. Personne ne parle. Ou si peu. Seulement quelques murmures. On ne commente pas. On regarde.  Dans une petite salle attenante, dans la pénombre, une vidéo tourne en boucle. Ce sont des très courtes séquences saisies sur le vif, proposées sans montage avec juste  des indications de tournage : la date, le lieu, les circonstances. Le témoignage est bouleversant : des arrestations en pleine rue, une personne est jetée  dans le coffre d’une voiture. Elle y est tassée au fond à coups de poing. Un peu plus loin, un autre interpellé qui résiste est roué de coups dans un hall d’immeubles.  Est-ce ainsi que les hommes  vivent ?  s’interrogeaitLouis Aragon dans un contexte bien différent.

Dans la poussière des Talibans

Voici,  l’Afghanistan,  dans la poussière que les Talibans ne prennent pas la peine de la  glisser sous les tapis. Pendant des mois, Ebrahim Noroozi, de l’agence Associated Press a  sillonné ce pays affamé, le plus triste du monde où les femmes  ont juste le droit  de survivre, voilées et invisibles désormais. «   Nous  ne savons que nous sommes heureux. Et comment nous le sommes » souffle Claire, une habituée de Visa qui vient y puiser une source  inépuisable  de réflexion sur la société  du grand  tournant. Puisqu’en supplément des guerres, des tyrans, des sanguinaires, des dealers,   voici que l’évolution climatique devient pressante partout,  y compris dans les rivières  catalanes asséchés qui cernent aujourd’hui le site même  de Visa pour l’image. « Nous tirons la sonnette d’alarme  depuis des années, sur la problématique de  l’eau, de la pollution, de la maltraitance  des animaux. Cette préoccupation n’est pas nouvelle chez nous et  aujourd’hui l’ orientation de certaines expositions n’est pas un effet de mode ou de tendance » explique Jean François Leroy, le fondateur de Visa. Ainsi donc, voici le reportage du britannique  Ian Berry auteur du livre illustré Water et qui rapporte un travail particulièrement complet sur la vie moderne des  fleuves , sur ce que les hommes en ont  faits au gré des  générations de bâtisseurs partout dans le monde.  Ainsi donc voici comment  va la monde, tel qu’il est, sans intelligence artificielle pour travestir la vérité.

Christian Goutorbe

Visa pour l’Image, festival du photoreportage de Perpignan.Jusqu’au 17 septembre. Totalement gratuit. 24  expositions et des projections chaque soir  jusqu’au 9  septembre au Campo Santo. www.visapourlimage.com