A Thuir, Gilles Goujon et l’humoriste Chicandier ont jeté les bases d’un nouveau concept d’émission culinaire en direct : « bordel en cuisine ». Parmi les curiosités et belles sensations de l’édition 3 de Pellicu live qui a refermé ses portes cette nuit.
Thuir. Dimanche 3 septembre 2023. Si par hasard il vous vient à l’idée d’assister au show de Jason Chicandier et son Mathou, y compris lorsque le show est gastronomique, mangez avant ou prévoyez de le faire après le spectacle. Parce que ledit récital de cuisine ne nourrira pas forcément son homme, ou sa femme. Là où Chicandier passe, la recette trépasse, torpillée qu’elle est par les vannes, les pitreries, et les gesticulations qui ne font pas un sou de ragout. Qu’importe d’ailleurs puisque l’idée maîtresse c’est de passer un truculent bon moment. Ainsi donc la master class administrée par Gilles Goujon le chef mondialement réputé a-t-elle accouché d’un grand moment d’humour sans pour autant finaliser quoi que ce soit dans une assiette. Pas même un amuse-bouche. La brigade des commis de cuisine loufoque était particulièrement dissipée. Lesdits commis d’office ont fait une éclatante démonstration d’une absence totale de maîtrise, y compris des ustensiles les plus basiques. Gilles Goujon (3 étoiles à Fontjoncouse, 1 étoile à Béziers) a tenté de ramener un peu d’art culinaire dans la tanière. Il a donné l’exemple, magistral et avec humour, d’une main assurée pour éplucher un pamplemousse d’exception, juteux à souhait et en extraire avec subtilité des suprêmes pour s’accommoder aux avocats que Chicandier a réussi à fendre après bien des efforts. Les énergumènes de « bordel en cuisine » ont été sauvés par le gong et par Ben l’oncle Soul qui a démarré son show sur la scène des Aspres.
Claude Lelouch intarissable enfant gâté

Un peu plus tôt, toujours sur le perron du château de Palauda, voici donc Mister Claude Lelouch, en master class Cinéma. Le réalisateur du film « un homme et une femme » a la mémoire infaillible pour amener dans l’esprit du public, foultitude d’anecdotes de tournage et de belles histoires d’amour et d’amitié qui sont son quotidien.
« La fameuse scène Du film « Itinéraire d’ un enfant gâté » où Jean Paul Belmondo apprend à Richard Anconina à dire bonjour et à ne jamais apparaître surpris ? C’est une scène de dernière minute rajoutée au scénario tournée dans une chambre de bonne. Le matin j’avais entendu à la radio quelqu’un qui disait que dire bonjour pour commencer la journée, c’était primordial. Et que dans la vie, il ne fallait jamais apparaître surpris. J’ai griffonné un texte et cela a donné l’une des scènes les plus retenues de ce film alors que nous avions tourné dans le monde entier » raconte le réalisateur de l’aventure c’est l’aventure qui s’est livré pendant une bonne heure, sans jamais éluder les questions d’ Hélène Manarino. Puis il approfondit sa propre analyse, de la vie, de l’amour, de l’amitié, comme il l’a réalisé et avec quel talent dans tant de films qui ont fait chavirer des millions de spectateurs . « Tout ce qu’on fait dans la vie, on le fait pour aimer et pour être aimés. Tout le reste, ce ne sont que des lots de consolation. Il faut quotidiennement vibrer avec nos propres envies en sachant qu’on partira avant la fin de l’histoire, une histoire qui a commencé bien avant nous » poursuit-il en exhortant l’auditoire, dont beaucoup d’admiratrices, à vivre dans le présent.
Vivre dans le présent

« Seul le présent donne du plaisir. Ceux qui ne vivent pas dans le présent passent à côté de leur vie » conclut-il avant de se fondre dans la foule de Pellicu Live. Le soir descend lentement sur le parc de Palauda aux couleurs cuivrées de fin d’été. L’espace des gourmets est à disposition pour se restaurer et se désaltérer. Les assiettes sont locales et les boissons aussi : vins de Terrassous, bières Cap d’Ona ou du Canigou. Déjà Ben l’oncle Soul le sauveur de Gilles Goujon et de Chicandier est à l’artillerie sur scène avant le final de la soirée avec Louis Bertignac. Ainsi donc s’écoulent les soirées de Pellicu Live festival imaginé par Anaïs et François Xavier Demaison, installés à Thuir, épaulés par les amis bénévoles du village et orchestrées par La Frontera Production et Fabrice Lorente. On guette désormais d’autres grands moments. De musique, de confidences et de bordel en cuisine. Mais ce sera en septembre 2024.
Christian Goutorbe