Un festin sans fourchette chez les chefs Pourcel

Fabienne Valéreau et le chef cuisinier Richard Lepage ont mis au point la technique pour manger sans fourchette
Fabienne Valéreau et le chef cuisinier Richard Lepage ont mis au point la technique pour manger sans fourchette

Un festin sans fourchette chez les  chefs Pourcel

Le sans fourchette facilite grandement la vie et l’alimentation des personnes atteinte d’Alzheimer.  Gourmande démonstration à Montpellier. Avec une infinie tendresse dans le regard et dans les gestes, Bernadette guide le bras, puis la main, de son mari, Hubert, qui vit avec la maladie d’Alzheimer.  Nous sommes au premier étage de « Terminal#1 »,  restaurant gastro et hyper-branchés  des frères Pourcel à Montpellier. C’est pratiquement un repas de gala pour l’association France-Alzheimer-Hérault. C’est organisé dans le cadre de la semaine de la mémoire et de la journée Mondiale Alzheimer. Et pour ce festin, autour des tables rondes, on trouve des personnes touchées  par la maladie, des accompagnants et des bénévoles.  Avec patience et détermination, Hubert parvient à se saisir des bouchées  confectionnées par les chefs multi-étoilés. Il parvient à les porter à sa bouche. Ces gestes  simples sonnent comme une victoire et une dégustation réussie après tellement de batailles perdues contre les petits pois ou les haricots dans l’assiette. « C’est le concept du Sans Fourchette. C’est parti d’un constat simple : les personnes malades ont les plus grandes difficultés du monde à tenir leurs couverts, à pouvoir s’en servir correctement et cela devient rapidement un sujet d’énervement alors que le but, c’est simplement de manger » explique Fabienne Valéreau, dirigeante et fondatrice de l’association « Sans Fourchette ». Cette innovante  structure multiplie les repas pour initier les accompagnants à la technique de la petite bouchée. A la table d’ à côté, une jeune femme, dont la mère est concernée par Alzheimer, confirme. « Cela peut prendre beaucoup de temps et occasionner une grosse dépense d’énergie. Or la nourriture et l’exercice du repas ont pris une importance capitale dans l’existence de maman.  Et les  bouchées sont vraiment très facile à prendre dans l’assiette » explique-t-elle. « Voyez-vous, on ne fait pas la différence entre les personnes valides et les personnes malades. Et c’est surtout un grand moment de convivialité partagée » poursuit Claudine Cadène, la présidente  de France-Alzheimer-Hérault qui regroupe 630 adhérents, « une goutte d’eau par rapport à la cohorte des personnes  qui vivent avec la maladie et qui sont 14000 juste dans notre département » poursuit-elle. En cuisine, l’équipe des frères Pourcel, qui ont eu jusqu’à trois étoiles dans leur Jardin des Sens,  a relevé un véritable défi. Il fallait transformer les créations des deux chefs en petites  bouchées. « C’est un challenge de mécanique : créer des petites portions que les convives pouvaient attraper avec les trois doigts de la main présentée comme une  pince» explique Jacques Pourcel, visiblement ému par le formidable accueil de leur travail sur les tables.  Les assiettes sont reparties  vides, comme une victoire absolue du « Sans Fourchette ».