Et si l’on illuminait, un peu, les caveaux de nos chers disparus au moment de Noël, la fête de toutes les lumières, de toutes les couleurs. Partout. Sauf dans les cimetières.
La scène se passe dans un petit village, au plus haut de la montagne bourbonnaise dans l’ Allier. Nous sommes en toute fin de journée en cette période de l’avent. Il fait nuit noir dans le petit cimetière adossé à la colline avec vue habituellement magnifique sur la vallée. Mais ce soir-là, de vue, il n’y en a pas. Tout est dans l’obscurité, dans la pénombre absolue. La pluie est oblique et le vent en rafales. On repère sa tombe à la lueur du briquet. Les chrysanthèmes sont fanées. On ne distingue plus les pâturages de la forêt et, à perte de vue, ni lueur, ni lumière. Partout en bas, dans les villes et les quartiers, depuis déjà plusieurs semaines, tout n’est que scintillements, couleurs pour transcender le désir de Noël, dans les rues des villes, dans les vitrines, dans les boutiques, dans les maisons et même parfois sur les murs des maisons. Puis soudain, surgissant de l’obscurité glaçante, à flanc de montagne, voici quelques bougies allumées qui redonnent, d’un seul coup, vie et chaleur au granit. Qui envoient un signal lumineux à ceux qui ne seront pas à table le soir de noël, ni même le lendemain à midi. Et qui n’y seront même plus jamais.
Signal lumineux dans la nuit
Ainsi, par tradition familiale et conviction personnelle, ils sont de plus en plus nombreux à venir, au moment de Noël, surtout dans les petits cimetières ruraux de France, déposer un lumignon ou des boules de couleur pour écrire leur message de lumière à ceux qu’ils ont tant aimé et qui les ont tant aimé. « Pour moi, nos disparus ne sont pas dans le noir et dans l’obscurité mais bien dans la lumière. Mais il est important, au moment de Noël d’envoyer ce signal de la lumière et de l’amour. C’est simple. C’est ce que je vais faire cette année » explique Marielle dont, Jean, le papa est parti le 27 décembre 2021. L’avant-veille de Noël, armée de bougies et de photophores, elle s’apprêtait à réaliser une vaste tournée, dans le Puy-de-Dôme et l’Allier, pour éclairer un peu les tombes éparpillées de toute la famille. « Il ne s’agit pas de transformer la tombe en sapin de Noël ou en crèche. C’est juste un signe lumineux discret ou bien quelques boules de couleur neutre, pour ne pas déranger ou choquer » poursuit un autre partisan de l’illumination des caveaux. Pour Noël C’est encore le cas sur un tombeau du cimetière Py à Sète à deux cents pas de la tombe de Georges Brassens. Au milieu des bouquets fleuris et des arbustes persistants, rayonne une composition à base de boules de Noël pour qu’un ancien médecin militaire, disparu en mai 2022 ne soit pas totalement seul au grand soir de la nativité. Ainsi par petites touches, les cimetières de France véhiculent la lumière des fêtes.