Un cartel international du proxénétisme démantelé à Montpellier.

Le sort du réseau de proxénétes a été scellé au palais de justice de Montpellier. (c)Photo topsudnews
Montpellier (Hérault). Parquet de Montpellier et police judiciaire ont mis un coup d'arrêt à l'activité du cartel de proxénètes roumains et colombiens. (c) topsudnews

Proxénètes roumains et colombiens avaient constitué une juteuse alliance pour acheminer, terroriser, séquestrer puis faire travailler en prostitution forcée une trentaine de jeunes femmes. Les juges de Montpellier ont mis un coup d’arrêt à ce trafic entre la France et l’Espagne.

Centre d’appel, paiement par carte bancaire à distance et vidéo-surveillance : le réseau de proxénétisme qui a été démantelé cette semaine en France et en Espagne, avait intégré toutes les techniques modernes pour exploiter sous la contrainte une trentaine de femmes arrivées d’Amérique Latine ou de Roumanie. Sous la conduite de deux juges d’instruction de Montpellier, les différentes polices ont procédé à l’interpellation de treize acteurs majeurs de cette équipe réunissant à la fois une famille colombienne et un clan de roumains tous issus de la même région. Le coup de filet a été lancé simultanément en France, en Espagne, en Italie et en Roumanie pour procéder à l’interpellation de treize personnes dont dix ont été écrouées et trois colombiens placés en résidence surveillée.

Itinérance dans le sud de la France

«Les femmes travaillaient dans des studios de location saisonnière de type Airbnb et elles étaient soumises à de permanentes rotations géographiques pour les déstabiliser. Nous avons recensé 17 villes différentes dans la moitié sud de la France : Perpignan, Montpellier, Nîmes, mais aussi des villes de moindre importance comme Cholet, Niort, Tarbes, Saint Paul-les-Dax. Les clients étaient recrutés via internet et des annonces sur les réseaux sociaux » explique Fabrice Bélargent, procureur de la république de Montpellier. C’est là que cette affaire a été mise à jour en juin dernier. Deux jeunes colombiennes s’étaient enfuies de leur appartement de séquestration pour se réfugier au commissariat. Les premières investigations conduites par la délégation territoriale de la police judiciaire avaient conduit à l’interpellation d’un ressortissant marocain qui supervisait à Montpellier la séquestration des jeunes femmes âgées entre 18 et 35 ans. Les enquêteurs des différents pays ont recensé 33 femmes victimes de ce réseau international de traite des êtres humains. Elles arrivaient de Colombie, du Paraguay, du Brésil, de la République Dominicaine ou de Roumanie sur la promesse d’un avenir professionnel meilleur dans le monde du tourisme. Elles transitaient généralement par l’ Italie où l’un des « associés » du gang gérait, visiblement avec brio, les épineux dossiers des cartes de séjour. Elles étaient ensuite acheminées vers les lieux de prostitution en France et plus rarement sur la Costa Brava.

Trente six lignes de téléphone au siège du cartel

Ensuite les femmes vivaient et se prostituaient sous le régime de la terreur, de la séquestration sous l’œil de caméras et de menaces proférées contre elles-mêmes ou leurs familles restées au pays. Il ‘agit d’un schéma classique dans le monde du proxénétisme international. Lors du coup de filet organisé à la demande des juges de Montpellier, les enquêteurs espagnols ont investi le centre névralgique du réseau : un appartement de L’Hospitalet de Llobregat prés de Barcelone (Espagne) où vivaient les dirigeants du clan colombien. Le logement était équipé de 36 lignes téléphoniques, une par fille, afin de gérer les appels, depuis la France, des clients qui payaient les prestations a distance avec leur carte bancaire. Les enquêteurs estiment que le trafic a fonctionné pendant au moins une dizaine de mois pour des retombées financières considérables mais non évaluées à ce jour. Le butin de ces opérations de traite des êtres humains a été régulièrement réacheminé vers la Colombie et la Roumanie. Les trente-trois femmes victimes identifiées ont été « placées à l’abri » .Elles sont accompagnées par des associations. Un hôtelier de Perpignan est également mis en cause mais la procédure est disjointe de celle du cartel international.