Montpellier : le grand théâtre des municipales

Michaël Delafosse, de la gauche unie apparait en tête des sondages avant le deuxième tour. (c) topsudnews.

Au deuxième temps de la valse des municipales à Montpellier, la campagne prend des allures de série télévisée. Mohed Altrad peut-il bousculer la hiérarchie des sondages ? Philippe Saurel dispose-t-il d’une réserve cachée de votants pour rattraper Michaël Delafosse ? Dénouement de la saison 2 tard dans la soirée de dimanche.

Philippe Saurel, maire sortant DVG est arrivé en tête du premier tour (19,1 %). Mais il est en deuxième position dans les sondages. (C) topsudnews

Montpellier 2020 est une véritable bénédiction pour politologues et prévisionnistes électoraux. Les protagonistes inspirés leur donnent du grain à moudre pendant des mois pour décrypter l’insondable et singulière campagne de la septième ville de France. L’ aventure électorale était déjà complexe par le nombre des candidats (quatorze sur la ligne de départ) dont les deux-tiers se gargarisaient de victoire.

Challenger et outsider

Elle est devenue surréaliste au gré des alliances, des discordes, des regroupements. Arbitres très relatifs de la joyeuse incertitude du sport démocratique, les derniers sondages donnent clairement un favori : le socialiste Michaël Delafosse (40 % des intentions selon sondage de 600 personnes Ifop-Fiducial-Midi Libre-La Gazette-Sud Radio. Interrogées du 18 au 20 juin). Il est poursuivi par un challenger, le maire DVG Philippe Saurel (35 %) et un outsider le Sans Etiquette Mohed Altrad (25 %). Au soir du 15 mars de faible participation (34 %), le maire sortant est arrivé en tête mais avec un score décevant (19,1 % soit 9900 voix pour une ville de 280 000 habitants) devant le candidat de la gauche unie Michaël Delafosse (16,66 %) et Mohed Altrad (13,49 %). Les autres listes, notamment écologistes, n’ont pas franchi la barre des 10 % derrière Rémi Gaillard, fantaisiste et militant animalier, en ovni de campagne à 9,59 %.

Mohed Altrad, capitaine d’industrie dans le bâtiment, s’est allié avec Clothilde Ollier (Ecologie /gauche) et avec Alenka Doulain (Nous sommes/LFI). (c) topsudnews

Echaffaudage électoral

Ces deux dernières semaines de campagne sont marquées par une dynamique indéniable autour du candidat de la gauche unie au détriment notamment de Mohed Altrad. Le multi-milliardaire, dont c’est la première campagne politique, a été contraint, pour rester dans la course, de sceller un accord politique iconoclaste avec GOD (Gaillard-Ollier-Doulain). Sur le papier, ce groupe des quatre pèse tout de même 39,4 %. C’est Rémi Gaillard qui a organisé le trip « triangle des Bermudes » (26,1 % des voix) de ces trois petites listes. C’est lui qui l’a négocié avec le capitaine d’industrie pour tenter de rafler la mise. Sauf que les composantes politiques des deux listes de gauche voire d’extrême gauche ont, illico, déserté l’échaffaudage électoral. Les animateurs de Confluence de la mouvance François Ruffin ont tourné le dos à Clothilde Ollier.

Les orphelins de GOD

Ils ont appelé à voter la gauche unie. Ils ont annoncé une passionnante conférence de presse sur les comptes de campagne de Clothilde Ollier qui aura changé trois fois d’équipage (EELV puis Ecologie et gauche, puis Mohed Altrad) avant finalement de l’annuler. Chez Alenka Doulain (Nous-Sommes, 9,25 %) même topo avec La France Insoumise ainsi que des colistiers de Rémi Gaillard qui contestent cette fusion. Pour ajouter encore un peu de sable mouvant sous les planches, l’alliance Altrad-God a soulevé l’indignation du gaulliste Jean-Pierre Grand un des piliers du projet Altrad qui votera à gauche pour Michaël Delafosse. Dans ce contexte fortement théâtralisé, la campagne de Philippe Saurel ressemble à une promenade au jardin un dimanche aprés-midi dans un hôpital psychiatrique. Le maire sortant, cible de toutes les critiques des autres candidats, repart au deuxième tour sans alliance, avec l’objectif de mobiliser les abstentionnistes et ceux qui ont apprécié sa gestion de la crise sanitaire et son omni-présence depuis mars dernier. Le maire sortant espère que l’adoption sur sa liste de l’ancien député Les Républicains Jacques Domergue va fixer l’électorat de droite. A condition d’oublier la trahison.

Le vent portant

La liste Saurel se veut citoyenne, écologiste et éloignée des préoccupations politiques partisanes. Mais pour gagner, il lui faut combler son retard sur Michaël Delafosse signataire d’un pacte municipal sans querelle ni rature avec l’écologiste Coralie Mantion (EELV), pour une version revisitée de la vintage union de la gauche (PS, PCF, Place Publique, EELV, Génération Ecologie, Parti Animaliste). Michaël Delafosse capitalise les ralliements de dernière semaine de tous les horizons politiques qui sentent le vent tourné en sa faveur. Dans ce poker à trois, la droite a totalement disparu du paysage à moins de 4 % de suffrages siphonnés au premier tour par Mohed Altrad. La tête de liste lui-même, Alex Larue (Les Républicains), suggère de ne voter ni pour Saurel ni pour Altrad. Et ce n’est pas à Montpellier que le président Macron va redorer son blason politique. Le médiatique député LREM Patrick Vignal fait partie du naufrage du premier tour à moins de 7 %.