Le musée Maillol de Banyuls-sur-mer (Pyrénées-Orientales) est un lieu de charme et d’exception, légèrement à l’écart de l’agitation littorale. Chaque été, c’est une exposition temporaire iconoclaste en supplément des œuvres et de l’esprit de Maillol. Cette année, le sculpteur catalan héberge les affiches de mai 68 conservées en Suisse. Qui l’eut cru ?

De Harmonie façon Maillol à la chienlit dixit De Gaulle, c’est ce grand écart que propose cet été le musée Aristide Maillol de Banyuls-sur-Mer. Ce sont donc les affiches qui font toute la saveur intellectuelle des combats de rue de mai à juin 68. Et qui sont accrochés au premier étage de ce petit musée installé dans la fameuse Métairie, la maison-atelier d’Aristide Maillol. Ce fond documentaire particulièrement intéressant est une collection privée rassemblée au fil des ans par Me Bernard Haissly, avocat à Genève et qui n’entretient aucun lien particulier avec le monde de la révolution. « Voici une combinaison artistique et de la formulation politique extraordinaire. Pour moi, c’est même le tout début, l’avènement de la communication politique avec des slogans courts et particulièrement bien formulés, des dessins simplifiés, des affiches parfois ronéotés avec les moyens du bord, ceux des universités de Paris » raconte Me Haissly qui s’est ainsi pris de passion pour courir de ventes aux enchères en exposition et rassembler ainsi plus de 100 affiches parmi les plus fameuses relatant bien l’esprit rebel de ce printemps de braise. C’est donc une raison supplémentaire pour faire le détour lui-même envoutant par la petite route des cols, ourlée de figuiers sauvages et d’olivier. Visiter le musée Maillol, est toujours un moment de grâce absolu. L’espace, à partir de la porte du jardin respire la sérénité. Dans ce jardin aux restanques impeccables, repose, depuis 1944 Aristide Maillol, sous la reproduction d’une de ses œuvres la plus fameuse : Méditerranée. Par temps d’été, tous les parfums d’été brûlés par les soleil embaument l’air. La métairie, c’est donc la maison-atelier du sculpteur catalan. On y retrouve certaines de ses œuvres et notamment la dernière, Harmonie, ultime hommage à Dina Vierny, modèle et muse réalisée en 1944, d’une beauté à couper le souffle. A l’étage inférieur, on entre dans l’univers quotidien du sculpteur avec la reconstitution de sa cuisine, pièce central à l’époque de cette maison, achetée en ruine, ou plutôt échangée contre quelques parcelles de vigne héritées. Puis retapée et même carrément reconstruite avec soin. A ce moment-là de la visite, on croit que Maillol va arriver, s’asseoir et rompre le pain. Ce musée est une exception nationale. Il est de gestion familiale. conjointement administré par olivier Lorquin, fils de Dina Vierny qui gère l’œuvre du sculpteur et par la famille même d’Aristide Maillol. Jean-Marie Berta-Maillol et sa sœur Claire, à l’accueil font vivre le musée au quotidien. Un peu plus loin sur la petite route de la Roume voici le caveau de la cave Berta-Maillol exploité par Yvon Berta-Maillol arrière-petit neveu du scultpeur, et son quasi sosie. Et par son fils. Pour lire l’œuvre de Maillol, il faut revenir sur ses pas, se transporter dans le centre de Banyuls-sur-Mer. Sur le front de mer, trois œuvres magnifiques y sont installées devant la Méditerranée toujours recommencée. Dont la femme allongée. Ainsi soit-elle… La beauté selon Maillol.
Musée Maillol à Banyuls-sur-mer. Chemin des Mas. La révolte s’affiche. Jusqu’au 30 octobre. De 10h00 à 12h00. De 14h00 à 18h00.