La feria de Nîmes, l’une des plus intenses fêtes populaires du pays, ressuscite d’après la pandémie pour la Pentecôte. Avec une soif encore plus grande de festoyer entre amis jusque bien tard dans la nuit, à l’heure où les aiguilles des horloges deviennent molles. Et sur tous les tempos.
Soixante-dix ans et une bien belle vitalité, c’est la feria de Nîmes qui doit attirer d’ici lundi soir plus d’un million de personnes dans ses rues festives, ses bars, ses restaurants ses bodegas (voir notre encadré). Sur le mur de la maison carrée, les images en noir et blanc de la toute première, celle de 1952. Les animations sont kitsch, tendance majorettes mais dans les images de foule en liesse, on retrouve déjà l’esprit feria, cette grande fête populaire et collective. En 2022, cet esprit est toujours là, intact et même démultiplié par ce long silence de deux saisons sans bodegas, là où l’on croise au cœur de la nuit, les amis de toute une vie ou bien les rencontres de feria qu’on ne voit que deux fois pas an. « Clairement, on ressent cette envie de refaire la fête, de profiter. Depuis mercredi soir, c’est palpable. Mais, le covid est passé par là et les participants ont aujourd’hui aussi besoin de plus d’espace vital. C’est ce que nous leur proposons dans cet immense et mythique jardin de notre hôtel Imperator. C’est ce qui est ressorti des discussions que nous avons pu avoir avec les nîmois pendant ces périodes sans feria » explique Maxime Dobremel de Maison-Albar-L’Imperator de Nîmes, grande et belle maison (hôtel-spa 5 étoiles et restaurant deux étoiles par Pierre Gaignaire) et adresse tutélaire, pour les toreros, les passionnés fortunés, les branchés… Ou pas, les lolitas de feria dans leurs plus belles présentations.
Fête pour tous les goûts et tous les budgets
« Nous avons développé le concept Bohémia, autrement dit Bohémien chic. Et pour cette feria, nous testons ce programme qui mélange la gastronomie, la danse flamenca, la musique live et des DJ. Des évènements que nous pourrions reproduire dans les autres Maison-Albar » poursuit Maxime Dobremel. Dans le Jardin, on danse sur des standards américains, on déguste le champagne maison cuvée Céline, on grignote des tapas et surtout on s’embrasse entre vieilles connaissances.

« La feria, c’est un moment où l’on peut croiser au gré des bodegas plein d’amis qu’on ne voit plus. Pas de feria c’est la distension assurée de son propre réseau social. On boit une coupe, on parle de nos vie. On prend des nouvelles, et on fait la fête. Parfois on refait le monde qui en a bien besoin. La feria c’est un formidable accélérateur relationnel. » s’exclame Catherine, trois décennies de feria derrière elle. Elle promet d’ arpenter la fête tous les soirs pour ne pas en perdre une miette au cas où de mauvaises nouvelles mondiales viendraient refermer ce formidable espace de liberté transgénérationnelle.
Pablo Romero. La mémoire vivante de la feria
Au Pablo Romero, bodega mythique, à quatre minutes à pied de la maison Carré, plus la file d’attente pour pénétrer dans le sanctuaire sévillan, il est encore bien tôt. Mais, l’espace vital est déjà réduit à sa plus simple expression : la place des pieds. Des jeunes en bande sont déjà en mode « faisez les cons » comme ils disent en pur langage feria d’après minuit. Dans la foule dense, frénétiques ils s’agitent sur Gloria Gaynor, indémodable, en attendant la messe sévillane et les danses traditionnelles. Ils ne savent déjà plus très bien où ils ont garé la voiture. Mais bon, la nuit portera conseil. Et l’essentiel, c’est qu’ils n’ont pas perdu les clefs.
L’esprit feria pour trois générations. 
Pendant ce temps dans la nuit, le (boulevard) Victor Hugo est devenu impraticable et infréquentable sauf les bodegas terrasses du Napoléon et du Victor Hugo avec méga-sono, super DJ perché et lasers. La cohue est extrême entre bringueurs avinés, fêtards en bandes, et petites grappes d’individus en quête d’aubaine. La feria ne saurait échapper à la tendance imbécile du moment : la piqûre sauvage. Sept pour les deux premières nuits dont une qui a permis d’identifier et d’interpeller les deux piqueurs finalement relâchés. Sur l’esplanade à deux pas des Arènes, on déguste les vins du Gard à partir de onze heures du matin et on fait la fête jusque tard dans la nuit à la bodega des Costières de Nîmes. Le grand rassemblement festif est un puissant moteur de notoriété de l’appellation. Et un moment fédérateur. Un peu plus loin, les marchands nîmois de churros ont retrouvé le sourire. Après deux saisons de misère, ils ont retrouvé « leur ambiance feria » qui rythme toute une vie à Nîmes depuis trois générations.
Comment survivre à la feria.
Si vous devez passer plusieurs nuits d’intensité festive à la feria, préparez-vous, hydratez-vous abondamment et ne perdez jamais une occasion de boire des grands verres d’eau entre deux bouteilles de rosé, des mojitos des pastis que l’on peut noyer, des coupettes de champagne. Car les nuits sont longues et piégeuses, surtout en période de forte chaleur. Il faut donc une certaine organisation pour tenir le choc, marcher, danser ou piétiner sur place pendant des heures. Proscrivez les chaussures très chics mais inconfortables pour des sneakers. Il y a belle lurette que les porteurs de baskets ne sont plus refoulés par les physionomistes, y compris à l’Impérator. Mettez à l’abri au fond de poches bien fermées, cartes bancaires, carte d’identité, téléphone portable dernier cri et argent liquide pour désespérer les petits voleurs de rue aux aguets. Evitez autant que faire se pourra, le Victor Hugo, après 21h00, sauf si vous êtes des fans des bodegas du boulevard festif, le Napo, le Victor Hugo etc. Pour circuler à l’aise sur l’axe festif prioritaire « Les Arènes-Les Jardins de la Fontaine », préférez des petites rues parallèles. Si vous vous déplacez avec des petits enfants et la poussette, choisissez plutôt le matin ou l’après-midi pour évoluer en plein cœur de la fête. Le soir la promenade vire au cauchemar pour tous.
Faîtes le Tango !
Pour accéder à Nîmes en période de feria, c’est un credo unique et incontournable : abandonnez votre voiture à l’entrée de la ville dans des parkings feria et empruntez les navettes Tango (c’est le nom de la société de transport public de l’agglomération de Nîmes) qui vous transportent jusqu’au boulevard de la République en 15 minutes environ. Snobez les parkings Costières et Mas de Vignolles pour choisir le parking situé à la sortie de l’autoroute A54 pour être sûr de trouver une place dans le trambus. Et préparez vos oreilles de »sardines serrées dans cette boite ». Le ticket feria (aller-retour) est à 2,90 €. Les navettes sont promises toutes les 20 minutes jusqu’à 4h20 du matin, dernier départ du centre-ville. Pour les passagers tardifs, le service reprend à 5h30.
Les Bodegas autorisées par la ville
– Royal Hôtel – 1 place d’Assas
– Pepe de Montijo – 13 rue Bigot
– La Folie passagère – 22 rue des Chassaintes
– La Fabrick – 4 rue Stanislas Clément
– La Macarena – 12 rue Delon Soubeyran
– Le Vaisseau Guinguette – 7 rue de l’Hôtel Dieu
– Le Carré Rose – 10 rue Briçonnet
– Los Filosofos – 27 rue Jean Reboul
– Big Brother x Raje radio – 9 rue Bernard Lazare
– Champagneraie du Lisita – 2 bis boulevard des Arènes
– Del Pilar – 14 rue de l’Horloge
– Margaret Hôtel Chouleur – 6 rue fresque
– La Noche – 7 rue Bigot
– Les Amis de Pablo Romero – 12 rue Emile Jamais
– Barberousse – 9 rue Auguste
– La Bodega des Costières de Nîmes – esplanade Charles de Gaulle
– La Brasserie des Antonins – 10 boulevard des Arènes
– Le Paradis Perdu, 9 rue Fresque.
-Les Dégâts de la Marine. Rue de la brandade de nos rues.
– Le Victor Hugo, boulevard Victor Hugo
– Big Brother, 9 rue Bernard Lazare
Une bonne centaine de bars habituels et de restaurants complêtent l’offre festive nîmoise.
En cas de besoin :
PC Feria ouvert en Mairie Centrale Place de l’hôtel de ville (Hall Accueil Gauche Rdc) :
– Jeudi 2 juin de 17h à 3h
– Vendredi 03 juin de 13h à 05h
– Samedi 04 et dimanche 05 juin de 09h à 05h
– Lundi 06 juin de 09h à 02h.
Tel : 04 66 76 73 88
Toutes les festivités : www.nimes.fr
Les transports : www.tangobus.fr