Feria de Nîmes : soixante-dix ans et toutes ses danses

Feria de nîmes. Depuis 70 ans, la fête.
Soirée numéro 3 chez Pablo Romero.

La feria de Nîmes, l’une des plus intenses fêtes populaires du pays, ressuscite d’après la pandémie pour la Pentecôte. Avec une soif encore plus  grande de festoyer entre amis jusque bien tard dans la nuit, à l’heure où les aiguilles des horloges  deviennent molles. Et sur tous les tempos.  

Soixante-dix ans et une  bien belle  vitalité, c’est la  feria de Nîmes qui doit attirer d’ici lundi soir plus d’un million de personnes dans ses  rues festives, ses bars, ses restaurants ses  bodegas (voir notre encadré). Sur le mur de la maison carrée, les images en noir et blanc  de la toute première, celle de 1952. Les animations sont kitsch, tendance majorettes mais dans les images de foule en liesse, on retrouve  déjà l’esprit feria, cette  grande fête populaire et collective. En 2022, cet esprit est toujours  là, intact et même démultiplié par ce long silence de deux saisons  sans bodegas, là où l’on croise au cœur de la nuit, les amis de toute une vie ou bien les rencontres de feria qu’on ne voit  que deux fois pas an. « Clairement, on ressent cette envie de refaire la fête, de profiter. Depuis mercredi soir, c’est palpable. Mais, le covid est passé par là et les participants ont  aujourd’hui aussi besoin de plus d’espace vital. C’est ce que nous leur proposons dans cet immense  et mythique jardin de notre hôtel Imperator. C’est ce qui est ressorti des discussions que nous avons pu avoir avec les nîmois pendant ces périodes  sans feria » explique Maxime Dobremel de Maison-Albar-L’Imperator de Nîmes, grande et belle maison (hôtel-spa 5 étoiles et restaurant deux étoiles par Pierre Gaignaire) et adresse tutélaire, pour les  toreros, les passionnés fortunés, les branchés… Ou pas, les lolitas de  feria dans leurs  plus belles présentations.

Fête pour tous les goûts et tous les budgets

« Nous  avons développé le concept Bohémia, autrement dit Bohémien chic. Et pour cette feria, nous testons ce programme qui mélange la  gastronomie, la danse  flamenca,  la musique live et des DJ. Des évènements que nous pourrions reproduire dans les autres Maison-Albar » poursuit  Maxime Dobremel.  Dans le Jardin, on danse sur des standards  américains, on déguste le champagne maison  cuvée Céline, on grignote des tapas et surtout on s’embrasse entre vieilles  connaissances.

Hôtel Impérator. Site mythique de la feria  avec le concept Bohémia
Hôtel Imperator. Site mythique de la feria avec le concept Bohemia. (C) christian Goutorbe

« La feria, c’est un moment où l’on peut croiser  au gré des  bodegas plein d’amis qu’on ne voit plus. Pas de feria c’est la  distension assurée de son propre réseau social. On boit une coupe, on parle de nos  vie. On prend des nouvelles, et on fait la fête. Parfois on refait le monde qui en a bien besoin. La feria c’est un formidable accélérateur relationnel. » s’exclame Catherine, trois décennies de feria derrière elle. Elle promet d’ arpenter la fête tous les soirs pour ne pas en perdre une miette au cas où de mauvaises  nouvelles mondiales  viendraient refermer ce formidable espace de liberté transgénérationnelle.

 

Pablo Romero. La mémoire vivante de la feria

Au Pablo Romero, bodega mythique, à quatre minutes à pied de la maison Carré,  plus la  file d’attente pour pénétrer dans le sanctuaire sévillan, il est encore bien tôt. Mais, l’espace vital est déjà réduit à sa  plus simple expression : la place des pieds. Des  jeunes en  bande sont déjà en mode « faisez les  cons » comme ils disent en  pur langage feria d’après minuit. Dans la foule dense,  frénétiques ils s’agitent sur Gloria Gaynor, indémodable,  en attendant la messe sévillane et les danses traditionnelles. Ils ne savent déjà plus très  bien où ils ont garé la voiture. Mais bon, la nuit portera conseil. Et l’essentiel, c’est qu’ils n’ont pas perdu les clefs.

L’esprit feria pour trois générations.

 Pendant ce temps dans la nuit, le (boulevard) Victor Hugo est devenu impraticable et infréquentable sauf les bodegas terrasses  du Napoléon et du Victor Hugo avec méga-sono,  super DJ perché et lasers. La cohue est extrême  entre bringueurs  avinés, fêtards en bandes, et petites grappes d’individus en quête d’aubaine. La feria ne saurait échapper à la tendance imbécile du moment : la piqûre sauvage. Sept pour les deux premières nuits dont une qui a permis d’identifier et d’interpeller les deux piqueurs  finalement  relâchés. Sur l’esplanade à deux pas  des Arènes, on déguste  les vins du Gard à partir de onze heures du matin et on fait la fête jusque tard  dans la nuit à la bodega des Costières de Nîmes. Le grand rassemblement festif est un puissant moteur de notoriété  de l’appellation. Et un moment  fédérateur.  Un peu plus loin, les marchands  nîmois de churros ont retrouvé le sourire. Après deux saisons de misère, ils ont retrouvé « leur ambiance feria » qui rythme toute une vie à Nîmes depuis trois générations.

Comment survivre à la feria.

Si vous devez passer plusieurs nuits d’intensité festive à la feria, préparez-vous, hydratez-vous abondamment et ne perdez jamais une occasion de boire des  grands verres d’eau entre deux bouteilles de rosé, des mojitos des pastis que l’on peut noyer, des  coupettes de champagne. Car les nuits sont longues et piégeuses, surtout en période de forte chaleur. Il  faut donc  une certaine organisation pour tenir le choc, marcher, danser ou piétiner sur place pendant des heures. Proscrivez les chaussures  très chics mais inconfortables pour des sneakers. Il y a belle lurette que les porteurs de baskets ne sont plus refoulés par les physionomistes, y compris à l’Impérator. Mettez à l’abri au fond de poches  bien fermées, cartes  bancaires, carte d’identité, téléphone portable dernier cri et argent liquide pour désespérer les petits voleurs de rue aux aguets. Evitez autant que faire se pourra, le Victor Hugo, après 21h00, sauf si vous êtes des fans des bodegas du boulevard festif, le Napo, le Victor Hugo etc. Pour circuler  à  l’aise sur l’axe  festif prioritaire « Les Arènes-Les Jardins de la Fontaine », préférez des petites rues parallèles. Si vous vous  déplacez avec des petits enfants et la poussette, choisissez plutôt le matin  ou l’après-midi pour évoluer en plein cœur de la fête. Le soir la promenade vire au cauchemar pour tous.  

Faîtes le Tango !

Pour accéder à Nîmes en période de feria, c’est un credo unique et incontournable : abandonnez votre voiture à l’entrée de la ville dans des parkings feria et empruntez les navettes Tango (c’est le nom de la société de transport public de l’agglomération de Nîmes) qui vous transportent jusqu’au boulevard de la République  en 15  minutes environ. Snobez les parkings Costières et Mas de Vignolles pour choisir le parking situé à la sortie de l’autoroute A54 pour être sûr de trouver une place dans le trambus. Et préparez  vos oreilles  de »sardines serrées  dans cette  boite ». Le ticket  feria (aller-retour) est à 2,90 €. Les navettes sont promises toutes les 20  minutes jusqu’à 4h20   du matin, dernier départ du centre-ville.  Pour les passagers tardifs, le service reprend à 5h30.

Les  Bodegas autorisées par la  ville
– Royal Hôtel – 1 place d’Assas
– Pepe de Montijo – 13 rue Bigot
– La Folie passagère – 22 rue des Chassaintes
– La Fabrick – 4 rue Stanislas Clément
– La Macarena – 12 rue Delon Soubeyran

– Le Vaisseau Guinguette – 7 rue de l’Hôtel Dieu
– Le Carré Rose – 10 rue Briçonnet
– Los Filosofos – 27 rue Jean Reboul
– Big Brother x Raje radio – 9 rue Bernard Lazare
– Champagneraie du Lisita – 2 bis boulevard des Arènes
– Del Pilar – 14 rue de l’Horloge
– Margaret Hôtel Chouleur – 6 rue fresque
– La Noche – 7 rue Bigot
– Les Amis de Pablo Romero – 12 rue Emile Jamais
– Barberousse – 9 rue Auguste
– La Bodega des Costières de  Nîmes – esplanade Charles de Gaulle
– La Brasserie des Antonins – 10 boulevard des Arènes
– Le Paradis Perdu, 9 rue Fresque.

-Les Dégâts de la Marine. Rue de la brandade de nos rues.
– Le Victor Hugo, boulevard Victor Hugo
– Big Brother, 9 rue Bernard Lazare

Une  bonne centaine de bars habituels et de restaurants complêtent l’offre festive nîmoise.

En cas de besoin :

PC Feria ouvert en Mairie Centrale Place de l’hôtel de ville (Hall Accueil Gauche Rdc) :
– Jeudi 2 juin de 17h à 3h
– Vendredi 03 juin de 13h à 05h
– Samedi 04 et dimanche 05 juin de 09h à 05h
– Lundi 06 juin de 09h à 02h.
Tel : 04 66 76 73 88

Toutes les festivités :  www.nimes.fr

Les transports : www.tangobus.fr