
Djerba : « Témoignage d’un mode d’occupation d’un territoire insulaire » : c’est finalement ce qui a convaincu les experts et les ambassadeurs à l’Unesco d’inscrire cette île-destination au patrimoine mondial.
Derrière les plages, les hôtels de luxe ou de semi-luxe, les centres aquatiques et les buffets à volonté qui aimantent les touristes européens transportés en low-cost, voici donc, un territoire unique de peuplement historique, riche d’un patrimoine insuffisamment reconnu. Ici, sur cette île du sud-est de la Tunisie, les phéniciens, les ottomans, les juifs, les chrétiens, les musulmans se sont installés pour façonner le paysage et les sites de peuplement remarquables, aujourd’hui remarqués.
C’est la partie centrale de l’Ile qui est concernée par le périmètre comprenant sept zones présentant des habitats traditionnels djerbiens qui ont servi d’abri pendant des siècles et des siècles aux différentes populations réfugiées dans cette île battue par les vents en hiver. Le périmètre comprend notamment le quartier ancien et typique de la cité-capitale Houmt-Souk, la ville densément peuplée de Hara Sghira ainsi que cinq sites d’occupation suburbains (Temlel, Khazroun, Sedghiène, Guechéine, Mejmej). Les zones rurales concernées sont situées au centre de l’île et forment un croissant qui traduit l’extension de la fertilité du sol et du sous-sol (présence d’une nappe phréatique douce). Ce croissant prend naissance du côté ouest depuis le plateau de Mejmej et Oued Zebib dit «Dhahrat Adloun» pour finir dans la zone orientale de l’Île à Temlel au sud de la ville de Midoun en passant par les terres agricoles de la Hara et son environnement immédiat, Sedghiène, Guechéine et Khazroun.
24 édifices remarquables.

Sur la carte de la candidature, on trouve 24 monuments que l’on peut considérer comme remarquable : 22 mosquées, la synagogue La Ghriba et l’Eglise Saint Nicolas. Lors de la session élargie de l’Unesco à Riyad, le dossier présenté par Djerba a été abondamment discuté. L’Egypte a déposé un amendement pour modifier la carte de la candidature. Cette modification a été relayée par plusieurs pays membres. Et les ambassadeurs se sont finalement entendus pour accorder l’inscription espérées epuis des années. « L’inscription de Djerba sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO apporte sans conteste une notoriété et une valeur ajoutée à l’île, un atout important qui aura un impact positif aussi bien sur le tourisme tunisien que sur la population locale notamment la jeune génération » explique dans un communiqué l’Association pour la Sauvegarde de l’Ile de Djerba « ASSIDJE ».
Les menzels, un habitat historique

Le mode djerbien de peuplement et d’habitation, ont peut parfois le retrouver en source d’inspiration urbanistique pour certains « spots touristiques ». C’est par exemple le cas des constructions de type Menzels traditionnels typiquement djerbien, choisies pour loger les vacanciers au Royal Karthago installé près de Midoune. De nombreux employés des établissements de vacances de la frange littorale sont issus de la population locale, contrairement aux autres grands spots comme Hammamet ou Monastir où le brassage sociologique des salariés est beaucoup plus important. Gageons que cette consécration à l’Unesco mettra en curiosité les vacanciers pour découvrir la Djerba authentique.
Christian Goutorbe