Corinne Caillaud, docteure, professeure à l’université Charles Perkins de Sidney a fait un détour estival et familial par Montpellier sa ville d’origine. Cette française, spécialiste internationale de l’impact de l’activité physique sur la santé met en avant la nécessité de pratiquer en plein air et régulièrement. Et, une nouvelle fois elle a observé le groupe Sea Fitness de Thierry Roudil à Carnon-ouest. Considéré comme un modèle.
La pratique du Seafitness, autrement dit le sport intense dans l’eau de mer, est en fort développement sur les plages du Languedoc. Est-ce vraiment une bonne chose ?
C’est une activité qui suit totalement les dernières recommandations de l’ Organisation Mondiale de la Santé sur le nécessaire développement de l’activité physique induisant une dépense énergétique. Toutes les publications scientifiques démontrent que l’activité physique est bénéfique pour la santé, notamment lorsque cette activité est pratiquée en pleine nature. La reconnexion avec la nature, la dimension anti-stress du plein-air font que l’activité est rendue facile. Cela donne envie aux pratiquants d’y retourner. Cela génère une sorte d’addiction. C’est exactement ce que l’on constate avec le Sea Fitness.
Quel est le bon niveau d’activité physique à respecter ?
L’OMS préconise dans ces recommandations de faire entre 150 et 300 minutes d’exercice de moyenne intensité par semaine. Ou bien 75 minutes de forte intensité, ce qui permet d’obtenir de notables réductions des pathologies les plus courantes. Il faut savoir que la pandémie de l’inactivité physique, je parle bien d’une pandémie de l’inactivité, représente un coût très important : 68 Mds de $ US par an dans le monde, dont 40 % à la charge des comptes publiques, 30 % à la charge des sociétés privées et 30 % dans le budget des ménages. L’inactivité pèse donc sur les comptes de tous.
Comment remettre de l’activité physique dans la vie de chacun ?
En mieux intégrant les professionnels de l’activité physique au système de santé. Ce qui n’est pas encore la cas en France, en tout cas de façon insuffisante. C’est ce qui a été fait en Australie et les résultats obtenus sont excellents. Cette orientation a permis de davantage encadrer les personnes dans des activités physiques de plein-air, de les inciter à pratiquer régulièrement. Ainsi, un net recul des maladies chroniques a-t-il été observé ce qui représente à l’heure actuelle une réduction de 25 % des dépenses de santé pour les familles.
En quoi le sea fitness est-il une activité physique vertueuse ?
Il y a un rendement musculaire intéressant dans le seafitness puisque l’on lutte constamment contre la résistance de l’eau. Le risque de chute ou de traumatisme articulaire est nul. Il suffit de savoir nager et l’investissement pour pratiquer est très faible. Surtout, les gestes à accomplir sont simples, faciles à mémoriser. L’apprentissage et la pratique ensuite sont à la portée de tous. C’est la discipline idéale pour reprendre une activité physique avec un bon niveau de dépense calorique puisque la température de l’eau est toujours inférieure à celle du corps humain. Et ce que l’on constate ici à Carnon avec Thierry Roudil est la parfaite illustration de ce qui est bon pour la santé. Et pour les comptes publiques.
Des conseils pour bien pratiquer pendant cet été caniculaire :
Les pratiquants de Sea Fitness ont dû s’adapter pour faire face aux fortes chaleurs. « J’ai allégé le programme dans l’eau. Les séquences de forte intensité sont réduites et les temps de récupération sont augmentés alors que le soleil tape fort et que la réverbération est très importante. Avec cette eau plus chaude les signes de fatigue arrivent plus rapidement. Une eau à 25°, voire 26°, ralentit l’activité physique contrairement à l’eau froide » explique le coach qui enseigne et entraîne dans la mer depuis huit ans. Il liste les bonnes pratiques. « La première chose, c’est de programmer ses séances assez tôt le matin. Il faut se protéger du soleil. La peau est soumise à rude épreuve surtout chez les plus de cinquante ans, qui se réhydratent moins facilement. C’est donc le chapeau, obligatoire bien mieux que la casquette qui ne couvre pas les oreilles. C’est le t-shirt manches longues anti-UV. C’est un maillot short type cuissard pour se protéger des méduses et des gants coupés au bout des doigts où se trouvent 1000 capteurs par centimètre-carré qui commandent les sensations du corps. Il y aura forcément une forte dépense hydrique. Ne pas oublier de s’hydrater par petites gorgées dès le lever. Après le cours, se réhydrater abondamment, avec de l’eau fraiche, pure mais pas glacée et possiblement gazeuse pour faciliter la récupération » ajoute Thierry Roudil qui anime un groupe de pratiquants sur la plage de Carnon-ouest.
decadoc34@gmail.com Thierry Roudil co-auteur de « Marcher dans l’eau de mer », la bible du seafitness.