A force, de conviction, les 35 derniers habitants du village de Celles prés du lac du Salagou, ont gagné la bataille du repeuplement. Le bourg est en ruine depuis plusieurs dizaines années. Il va recevoir de nouveaux habitants dans des maisons modernes et écologiques à énergie passive.
D’ici dix-huit mois voire deux ans, le petit village de Celles, sur les berges du Lac du Salagou, va revenir à la vie au rythme des nouveaux habitants.Trois familles viennent de signer les baux solidaires qui vont leur permettre de s’installer dans ce qui reste des maisons de ce si jolie village. « On ne peut pas dire que la vie se soit arrêtée. Nous avons tout fait pour que cela continue et encore aujourd’hui, trois personnes vivent dans l’appartement de l’ancienne institutrice. D’ici 2025 nous espérons un repeuplement à hauteur d’un trentaine de personnes » estime Joëlle Goudal, la maire, tenace pour parvenir à déjouer depuis vingt-cinq ans tous les pièges administratives qui leur étaient tendus. En 1969, le village tout entier, établi à la côte 143 mètres dans la vallée du ruisseau Salagou aurait dû être englouti pour le barrage construit en contrebas. Les ingénieurs promettaient une submersion à la côte 150 mètres avec la construction d’une digue supplémentaire. Mais malgré le schéma initial, ladite digue n’a jamais vu le jour et les maisons sont restées en bordure du lac du Salagou stabilisé à la côte 139 mètres. Des maisons vides puisque devenues, à l’époque, la propriété du Conseil Général de l’Hérault. Les habitants ont été expropriés, déplacés, indemnisés mais blessés pour rien. « En 1969, lors de la montée des eaux, les maisons étaient en parfaite état. Mais elles ont été squattées par des hippies, pillées par les bricoleurs du dimanche en manque de matériaux. Elles ont été taguées et réduites à l’état de ruines » poursuit Joëlle Goudal. En 1995, elle avait pris la succession de son père Henri à la mairie et dans le combat pour cette nouvelle vie à Celles.
En attendant que plusieurs des dix-sept maisons retrouvent toits, portes, fenêtres et commodités intérieurs, le village s’est offert, en ce week-end de la mi-septembre 2019, une fête et un festival. Il s’agit d’accueillir, dans les meilleures conditions possibles les nouveaux élus parmi 200 dossiers d’implantation. Les trois futurs cellois installent tous leur entreprise individuelle au village.Ils sont architecte, diagnosticien immobilier ou bien menuisier.
la convivialité retrouvée au bord du Salagou
« Pour nous c’est une véritable aubaine de pouvoir s’installer ici, de loger sous le même toit, notre famille et mon atelier. Nous cherchons à retrouver la convivialité d’un petit village le sens de la solidarité. Il nous appartiendra de créer cet esprit à Celles » explique Benoit, menuisier du patrimoine qui va débarquer avec Caroline sa compagne et leurs deux filles. Ils vont s’installer dans la première maison du village. De passage au village, les anciens, ceux qui ont dû abandonner la maison de famille et leur vie toute entière pour les reconstruire plus loin, sont de retour en ce jour de fête.
OU plutôt, ils sont de passage cinquante ans après la terrible montée des eaux. Sans impatience mais avec émotion perceptible, ils attendent que le village s’anime à nouveau dans ce repli des terres rouges. « La famille de ma mère a vécu ici. Ils ont dû tourner la page. Et aujourd’hui, c’est moi qui revient m’installer définitivement» ajoute Sébastien un familier de la montagne du Salagou puisqu’il a greffé et remis en culture les poiriers sauvages sur les hautes terres de son grand père. En contrebas, le lac du Salagou scintille sous le chaud soleil de septembre. A cent mètres à peine au large, une petite île abrite pour quelques jours une exposition photos. En cette belle journée, Celles a le Salagou du Paradis.