Après un mois de fermeture en février 2016 et deux jours de procès à Alès, Le Vigan vit aujourd’hui au rythme de la résurrection, si possible exemplaire, de son abattoir.
Après l’épisode judiciaire de la maltraitance animale l’abattoir du Vigan (Gard) doit s’inventer une nouvelle vie économique et industrielle. Le jugement du tribunal visant les trois employés qui apparaissent sur les vidéos de l’association L214 sera rendu le 28 avril prochain. Ils auront la capacité de faire appel. Quatre jours plus tard, le 2 mai, l’établissement aura chanté de main. La communauté de communes du Pays Viganais qui gérait l’abattoir confie les clefs à une association d’éleveurs de la région qui vont prendre en main les destinées de l’abattoir et rétablir l’éthique après des mois de mise à l’index. En même temps, ils devront aussi relancer l’activité de cet outil industriel abîmé par le souffle du scandale avec une chute brutale de la production : de 240 tonnes en 2015 à 140 tonnes en 2016.
« Nous allons nous investir dans l’abattage de nos animaux. Nous allons ainsi contrôler tout le cycle de la vie, depuis la naissance jusqu’à la mort. Ce n’est pas un problème pour nous puisque nous sommes des professionnels du bien-être animal. Nous essayons de rendre la vie de nos bovins, ovins, caprins la plus agréable possible. Et ce que nous avons découvert, comme vous, avec stupeur ne sera plus possible » explique Stéphane Thiry, le président de la nouvelle structure coopérative qui rassemble une cinquantaine de personnes, éleveurs pour la plupart mais aussi associations de consommateurs et professionnels de la boucherie. « Economiquement, il était impensable qu’un tel établissement, même de sa petite taille soit fermée, surtout après les efforts d’investissements et de mise aux normes que nous avons consentis » ajoute Samuel Chatard, le directeur général des services qui a mené à bien une importante mission de compréhension en profondeur du cycle d’abattage. « Nous avons missionné une éthologue pour améliorer notre façon de faire. Son approche, scientifique nous a permis de modifier le hall d’accueil des animaux à la sortie de la bétaillère pour réduire le stress lié à un changement brutal d’intensité lumineuse » poursuit Samuel Chatard. Cécile Bourguet, chercheuse à l’INRA de Theix a terminé sa mission de conseil en janvier dernier. « Son travail est remarquable. Il va nous aider à mieux traiter les animaux et aussi à faciliter le travail des employés » ajoute Stéphane Thiry, éleveur à Bez et Esparon (Gard) et défenseur du circuit court avec maîtrise complète de toutes les étapes. Avec cinq autres éleveurs, il gère à Montpellier dans le quartier universitaire, la boucherie de la ferme, de vente directe des quartiers de viande traités au Vigan, condamné désormais à être exemplaire.