
L’incroyable détresse de santé des travailleurs précaires.Ils n’ont pas de CMU (couverture Médicale Universelle). Ils sont travailleurs à petits revenus, retraités faiblement pensionnés, chômeurs. Et ils renoncent aux soins, massivement. 38,5 % refusent de se rendre chez le dentiste. 42,5 % n’envisagent pas de se faire poser des prothèses parce que le reste à charge leur semble impossible à financer. C’est ce qui ressort de la saisissante enquête menée en 2015 par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie de l’Hérault et qui vient d’être rendue publique. Ces « renonçants » sont majoritairement des femmes (65,5 %), seuls ou avec enfant (s) 50,9 %,sans activité professionnelle stable (51,1 %), isolés. « Nous sommes inquiets. De plus en plus de gens renoncent. Ce sont le plus souvent des travailleurs à très petit revenus qui se situent dans l’angle mort de la couverture santé. Ils n’ont pas droit à la CMU mais ils estiment qu’ils n’ont pas les moyens de demander des soins conservateurs. Cela signifie que leur situation dentaire se dégrade » s’alarme le docteur Olivier Davron, président du conseil de l’ordre des chirurgiens-dentistes de l’ Hérault. Paradoxe absolu, il existe un dispositif d’aides pour ces personnes. C’est la plate-forme PFIDASS (plate-forme d’intervention départementale pour l’accès aux soins et à la santé) testée dans le Gard en 2013 et expérimentée dans 21 départements dont l’Hérault. « Nous cherchons à détecter ces personnes pour régler le problème du reste à charge. Il leur suffit de monter un dossier auprès de la Caisse. Un comité de pilotage examine la demande, évalue la pertinence de la Complémentaire de santé. Nous avons les moyens d’aider ces personnes » explique Claude Humbert le directeur de la caisse. Karine, 46 ans, en recherche d’emploi, confirme le bon fonctionnement de la plate-forme. « Mon dossier est bouclé et mes prothèses installés. Je dois débourser 150 € sur un reste à charge qui s’élevait à 3500 €. La caisse et la complémentaire ont compensé » explique-t-elle soulagée après avoir écumé le net pour découvrir le dispositif.

« Les chirurgiens-dentistes de l’ Hérault et plus spécifiquement les praticiens libéraux sont aujourd’hui mobilisés pour lutter contre le renoncement. La plate-forme existe. Elle ressemble à s’y méprendre à l’ancienne aide médicale gratuite » poursuit le Docteur Olivier Davron qui a souhaité communiquer plus largement sur l’existence de ce dispositif. Car de l’aveu même de la CPAM, sur un budget disponible de 50 000 € pour l’année 2016, seulement 10 000 €uros ont été utilisés.
Christian Goutorbe.